Description de l'Horloge Horizontale
par Julien Le Roy

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Julien Le Roy 1686 - 1759

Ce texte de Julien Le Roy est paru en 1737 dans l'ouvrage de Henry Sully, Règle artificielle du temps, Seconde édition corrigée et augmentée par M. Julien Le Roy. Nous le reprenons tel quel, en ayant simplement actualisé l'orthographe des mots (et non pas l'expression), pour le rendre plus lisible.

Henry Sully

Règle artificielle du temps seconde édition 
corrigée et augmentée par M. Julien Le Roy

1737

Addition faite par Julien Le Roy :

[p. 332] - Nouvelle manière de construire les grosses Horloges, non-feulement plus simples que celles que l’on a fait jusqu’à présent, mais encore d’un meilleur usage & à meilleur marché. La nouvelle construction est un exemple sensible de ce que je viens d’avancer, elle est, & si simple & si avantageuse, qu’on doit être surpris qu’elle ait échappé à tant d’habiles Horlogers qui ont travaillés & médités avant moi sur cette matière.

[p. 334, Julien Le Roy décrit la disposition des rouages dans une horloge à cage ordinaire] - Le corps d’une grosse Horloge est composé d’une Cage, laquelle contient huit Roues, à savoir quatre pour le Mouvement & quatre pour la Sonnerie ; il y a de plus, la Détente, la Bascule, la Verge des Palettes & le Volant.

Les Roues du Mouvement, font la grande Roue, celle du Remontoir, la Roue moyenne ou de Cercle, & la Roue de Compte.

La Bascule est faite à peu près comme le fléau d’une Balance, elle sert à lever un Marteau plus ou moins gros, suivant la Cloche sur laquelle il doit frapper.

La Détente est composée de son arbre & de trois branches, dont la première se nomme Pied-de-Biche, à cause qu’elle est brisée par le bout ; une cheville attachée à la croisée de la grande roue du mouvement, sert à lever le Pied-de-Biche à toutes les heures & demies, pour faire sonner l’Horloge.

La deuxième branche se nomme le Coq ; son usage est d’arrêter la sonnerie, immédiatement après que les heures ont sonné.

La troisième branche, dont le bout est formé en crocher, s’appelle le Compteur ; elle s’appuie sur la roue de compte, à la circonférence de laquelle il y a des entailles, distantes les unes des autres, suivant les nombres naturels 1. 2. 3. jusqu’à 12. tant que le compteur s’appuie fur la circonférence de la roue de compte, l’Horloge continue de sonner jusqu’à ce que ce même compteur fut entré dans l’une des douze entailles de ladite roue.

Je ne décrirai point les Pignons et Lanternes, parce que leur usage est assez connu.

La Cage est composée d’onze pièces ; à savoir, de quatre piliers, de deux cercles ; l’un supérieur & l’autre inférieur (lesquels je nommerai dans la fuite Parallélogrammes rectangles) & de cinq montants ; chaque Cercle ou Rectangle a une mortaise ou entaille à chacun de ses angles, propre pour recevoir d’autres mortaises ou entailles faites aux extrémités de chaque pilier ; de forte que les piliers s’enclavent dans les deux Rectangles au moyen de quatre clavettes qui fervent à ferrer le Rectangle supérieur contre les piliers : Au milieu de chaque Rectangle est placé une traverse qui sert à affermir le montant du milieu.

Deux autres montants sont placés au milieu des petits côtés des Rectangles, de forte que ces trois montants font placés sur la même ligne & vis-à-vis les uns des autres ; leur usage est de soutenir les roues de la sonnerie & celles du mouvement.

Le quatrième montant est placé fur l’un des deux grands côtés des Rectangles, son usage est de soutenir la roue de compte & le pignon qui la fait tourner.

La Verge des palettes est soutenue par deux Coqs, à une distance convenable de la roue de rencontre ; l’un de ces Coqs soutient aussi la verge du Pendule.

Le cinquième montant est opposé au montant qui porte la roue de compte., son usage est de porte la roue de Cadran ou l’étoile qui la fait faire tourner.

Je finis cette Description par le Volant ; c’est un arbre qui porte un pignon à l’un de ses bouts, & à l’autre il y a un pivot qui déborde le montant du côté de la sonnerie ; fur ce pivot tournent deux palettes de tôle, lesquelles font plus ou moins grandes, suivant qu’on veut faire sonner l’Horloge plus vite ou plus lentement.

Nouvelle construction de grosses Horloges, dans laquelle tous les Arbres des Roues sont placés sur un Rectangle posé horizontalement.

Pour distinguer les deux constructions, je nommerai celle qui est en usage, Horloge verticale, à cause que les Roues y sont placées entre des plans verticaux ; & la nouvelle, Horizontale, à cause que les Roues sont placées sur un Parallélogramme - Rectangle, posé horizontalement.

En posant toutes les roues sur un seul Rectangle horizontal, il est évident que les onze pièces dont la Cage est composée dans la construction ordinaire, j’en supprime dix, & que je ne retiens que le Rectangle inférieur, que je fais un peu plus grand, en donnant seulement plus de longueur aux deux petits côtés. Ce Rectangle, quoique plus grand, sera plus aisé à faire que dans la construction verticale, à cause qu’on le fera toujours de cinq pièces, sans que pour cela, il en soit moins solide ; il n’en est pas de même dans la construction ordinaire, on est obligé de faire ce Rectangle d’une seule pièce afin de lui donner toute la solidité qu’il doit avoir.

Outre la suppression des pièces dont je viens de parler, il y a encore une diminution d’ouvrage assez considérable dans les chapes des Remontoirs & dans les Coqs qui soutiennent la verge des palettes ; de sorte que dans l’Horloge horizontale composée de roues de même grandeur il y a aura environ deux septièmes moins d’ouvrage que dans la verticale ; d’où il s’en suit que la première ne coûtera que cinq mille livres, lorsque la dernière en coûterait sept.

Non-feulement la nouvelle Horloge est plus simple, mais encore elle est meilleure & de plus longue durée que l’ancienne, à cause que les frottements y sont considérablement diminués, & c’est ce que j’espère démontrer par le Problème de Mécanique qui finit, & que j’appliquerai à la nouvelle construction [Note: l'ouvrage se termine par un problème de mécanique, qui reprend cette question évoquée par Julien le Roy].

[p. 345] - Il y a de grosses Horloges dont chaque poids est de mille ou douze cens livres pesant, plus ou moins selon leur grosseur ; il est aisé de s’imaginer que de tels poids doivent produire de grands frottements, & par conséquent une usure continuelle, laquelle détruisant sans cesse les rapports des engrenages des grandes roues, d’avec les Pignons des roues moyennes, oblige à des réparations fréquentes, comme de faire remonter les grandes roues en rebouchant les trous de ses pivots.

L’Horloge horizontale ne sera nullement sujette aux réparations que je viens de remarquer ; on pourra même l’incliner de quelques degrés, afin que les poids dirigeant toujours les grandes roues vers les roues moyennes, ils rétablissent sans cesse l’usure causée aux dentures par les frottements.

On doit remarquer de plus, que la nouvelle Horloge étant moins sujette à l’usure, il en coûtera moins d’entretien : Par exemple, si une Horloge ordinaire coûte cent livres pour l’entretien, celle-ci n’en coûtera que cinquante.

J’ajouterai encore qu’elle sera incomparablement plus aisée à nettoyer, à cause qu’on pourra démonter les roues les unes après les autres, au lieu que dans l’ordinaire on est obligé de placer trois roues & le montant tout à la fois, on est encore obligé de soutenir toutes ces pièces avec la main, & dans le même temps, ce qui est assez difficile, surtout pour les grandes Horloges dont les premières roues seules avec leur fusée, pèsent quelquefois jusqu’à deux cent livres, de sorte qu’il faut plusieurs hommes pour en démonter une.

[Suit une description de l'horloge conçue selon ces principes pour le Séminaire étranger.]

[Source : C0002, repris dans C0016 en français plus actuel, p. 226 s]

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Dernière mise à jour de cette page : 11/12/2010