Mengarduque, Antoine, frères et Fils
à Saccourvielle (Haute-Garonne)
D'avant 1876 - à ca. 1914 ?


Photo Saccourvielle
Village de Saccourvielle. Cliquer sur l'image pour l'agrandir.
[Source : http://www.panoramio.com/ ; photo de Rémi Delmas]

Saccourvielle, en Haute-Garonne, est un petit village situé au beau milieu des Pyrénées, à quelques kilomètres de la frontière espagnole. Coincé à 1.000 mètres d'altitude environ, ce village ne comptait dans les années 1900 que quelques dizaines d'habitants.


C'est là qu'Antoine Mengarduque, son frère et ses fils exercèrent le métier de forgeron et d'horloger, revendant des comtoises fabriquées à Morbier et Morez ainsi que des œils-de-bœuf.
Pendant les longs mois d'hiver enneigés, ils fabriquèrent aussi quelques horloges d'édifice, qu'ils installèrent dans les environs.

L'histoire de ce fabricant d'horloges d'édifice est remarquable car il s'agit probablement, pour ce qui est de la France, du dernier exemple d'une fabrication vraiment artisanale, faite par une famille qui maintint une pluri-activité de culture de la terre, de commerce et donc également de fabrication de quelques horloges d'édifice.



Antoine Mengarduque est né en 1848 d'un père, Guillaume (1816-?), forgeron et de Françoise Biarrière, sa mère. Nous ne savons pas encore avec certitude si son père fabriquait déjà des horloges. Il semble en tout cas qu'aussi loin que l'on remonte, le grand-père et l'arrière grand-père d'Antoine étaient forgerons. Comme pour de nombreux autres cas depuis le Moyen-Âge, une famille de forgeron évolue vers la fabrication d'horloges d'édifice.

Pour ce qui est des Mengarduque, leur activité comme fabricant d'horloges d'édifice est attestée en 1876 [G0101] sous le nom "Mengarduque, Frères". Ce terme désigne Antoine et son frère cadet, Dominique Léon (1853-?).

Marié en 1876 à Jeanne Lafont (1853-1888), Antoine deviendra père de trois garçons, Jean Marie (1883 - 1914), Blaise Dominique (1885 - ?) et François Jean (1888 - 1915). Jeanne décède probablement à la suite de l'accouchement de ce dernier, à 35 ans.

Antoine travaille et cède son affaire à son fils aîné, Jean, qui se dit "Forgeron, Horloger, Cultivateur" au moment de son mariage. Le second fils, Blaise, part à une soixantaine de kilomètres de Saccourvielle, à Benqué, vendre des horloges. Puis nous perdons sa trace.
La guerre de 1914-18 décime littéralement la famille. Jean décède en 1914 et François, le plus jeune, décède en 1915, à 27 ans. Quant à leur père, Antoine, il meurt en 1916, à 68 ans, sans que nous en connaissions la cause. Il aura été auparavant maire de la commune de Saccourvielle.

L'activité de ceux qui furent probablement les derniers forgerons fabricants d'horloges d'édifice de France s'arrête donc avec la guerre de 1914.
Jean, de son mariage avec Jeanne Cazaubon, laisse deux fils, Pierre (1910-1993) et Jean François (1913-1996) qui furent tous les deux adoptés par la nation en 1920 [E0064].


  Guillaume Mengarduque (1816 - ???)- forgeron
    x 1843 - Françoise Biarrière
    │
    └── Antoine Mengarduque (1848 - 1916)- forgeron, horloger, maire
    │     x 1876 - Jeanne Lafont (1853 - 1888)
    │     │
    │     └── Jean Marie Mengarduque (1883 - 1914) - Forgeron, horloger, cultivateur, Mort à la guerre
    │     │     x 1907 - Jeanne Cazaubon 
    │     │     │
    │     │     └── Pierre Mengarduque (1910 - 1993) - adopté par la nation en 1920
    │     │     │
    │     │     └── Jean François Mengarduque (1913 - 1996) - adopté par la nation en 1920
    │     │
    │     └── Blaise Dominique Mengarduque (1885 - ???) - Parti à Benqué, vendeur d'horloges
    │     │
    │     └── François Jean Mengarduque (1888 - 1915) - Mort à la guerre
    │
    └── Dominique Léon Mengarduque (1853 - ???)-
          x 1891 ??? - Josephe Laborde
 

Horloge Mengarduque
Horloge Mengarduque
Horloge Mengarduque
Horloge Mengarduque de 1903.
Remontage tous les 8 jours.
Horloge entièrement en fer, sauf les paliers en bronze.
Cliquer sur les images pour les agrandir [E263].

Sur cette horloge, nous remarquons tout d'abord l'inspiration des horloges du Jura, qui se retrouve dans la forme du châssis, la disposition des rouages et dans le système de sonnerie.
Notons également l'échappement à ancre et chevilles, pour le moins original.
Enfin, toutes les roues ont 96 dents et la plupart des pignons ont 12 ailes. Ceci est lié au fait que le constructeur a probablement réalisé lui-même les outils pour tailler les dents. Ceci nécessite de diviser le cercle en n parties égales, ce qui est relativement facile pour n = 12 ou 96 (= 8 x 12).


Les horloges fabriquées par Antoine Mengarduque et Fils sont très intéressantes car elles révèlent une fabrication très artisanale à une époque tardive, époque où les autres entreprises françaises fabriquaient des horloges par dizaines d'unités dans des ateliers semi-industriels.
Il est probable que c'est l'isolement du village pendant les longues périodes hivernales qui ont permis à Mengarduque de maintenir cette activité artisanale face à la concurrence des autres fabricants. De plus, du fait du faible niveau de vie dans ces villages reculés, Antoine Mengarduque maintenait des prix très faibles. En 1876, il demande par exemple 400 Frs pour une horloge, là où les fabricants moréziens demandent entre 1000 et 1500 Frs pour un modèle similaire [G0103]. Il s'engage à la livrer 4 mois après la signature de l'acte de vente.

Techniquement, nous avons pour le moment identifié trois ou quatre types d'horloges Mengarduque.
  • Horloge Verticale à échappement à Verge (à confirmer, il s'agit probabement d'un ancêtre d'Antoine Mengarduque).
  • Horloge Horizontale, à rouages bout-à-bout
  • Horloge Horizontale à mouvement triangulaire, proches des horloges du Jura (cf. horloges présentées ci-dessus et ci-dessous)
  • Horloge Horizontale à mouvement triangulaire et platine rectangulaire (cf. horloge présentée à la fin de ce document).

Les horloges à mouvement triangulaire sont très inspirées des comtoises et des horloges jurassiennes. Les rouages ne sont pas en cuivre mais en fer. Les barillets peuvent être en bois. Nous retrouvons un échappement à chevilles, parfois avec une ancre originale (cf. horloge ci-dessous) et pour le moins peu orthodoxe. La sonnerie est à râteau ou à crémaillère, dans le style des horloges d'édifice ou des comtoises jurassiennes.

Horloge Mengarduque

Horloge Mengarduque de 1901.
Barillets en bois. Echappement à chevilles demi-rondes normal.
Sonnerie par crémaillère verticale.
Cliquer sur les images pour les agrandir [E755].

Horloge Mengarduque



Horloge Mengarduque

Horloge Mengarduque
Horloge Mengarduque, à 8 jours.
Probablement postérieure aux deux horloges précédentes.
Notez l'évolution du mécanisme et l'utilisation d'un cadran de contrôle.
Notez aussi la forme cylindrique de la lentille !
Sonnerie à râteau.
Cliquer sur les images pour les agrandir [E742].


Horloge Mengarduque



Remerciements : un grand merci à Monsieur Howard Bradley pour son aide précieuse dans la rédaction de cette page. Tous les renseignements, sauf mention contraire, proviennent de sa recherche.


Dernière mise à jour de cette page : 11/12/2010