Vandel et Reverchon
Morez (Jura) - d'avant 1819 à après 1823

Fabricants ou revendeurs ?

L'établissement Vandel et Reverchon fut l'un des principaux faisant commerce d'horloges comtoises et d'horloges d'édifice à partir de Morez (Jura).

Vandel et Reverchon sont visiblement issus tous les deux du monde des forges. La famille Vandel est une famille aisée propriétaire de forges [C0029, p. 183, 184].

De son côté, en 1811, Nicolas Reverchon est co-propriétaire avec les Frères Cléments (François Célestin), établisseurs moréziens, d'une forge le long de la Bienne. Dite « le Martinet neuf », elle se compose d'une grosse forge, d'un martinet et d'une platinerie. Cléments et Reverchon y fabriquent des fers et des tôles pour l'horlogerie, puis des clous. Ces bâtiments sont cédés à Aimé Bourgeois avant 1855 qui, à son tour, les revendra aux Frères Prost pour y faire de l'horlogerie d'édifice [I0002]. En 1812, Cléments et Reverchon décrivent leur forge comme ayant 8 rouages, « spécialisé en partie dans la production de plaques et de tôles d'horlogerie » et dans la « fabrication de toutes sortes de petits fers ronds, plats ou carrés pour les besoins de la grosse horlogerie du pays ». Ils alimentent leur forges en charbon de bois et en charbon de houille importé [C0029, p. 187, p. 189].

Puis, Reverchon (nous pensons qu'il s'agit du même Reverchon) s'associe à Vandel comme établisseurs et négociants en horlogerie : ils finissent et vendent diverses pièces d'horlogerie, en particulier des horloges d'édifice. Du fait de leurs activités dans les forges, nous pensons probable qu'ils fabriquaient eux-mêmes les horloges d'édifice.

Description technique des horloges Vandel & Reverchon

Il s'agit d'horloges à cage assez classiques avec comme particularité l'utilisation d'une suspension à couteau.

Nous reproduisons, à titre d'exemple, le début un devis de 1822 pour l'horloge de la Cathédrale de Clermont-Ferrand [G0049]. Cette horloge sera vendue pour 1500 Francs, plus 400 Francs pour la tringlerie, la minuterie, le cadran et l'aiguille et 500 Francs pour la pose. Cette horloge est à deux corps de rouages, mais Vandel et Reverchon produisaient également des horloges à trois corps de rouages. Enfin, le devis est signé « pour Vandel, Reverchon et Cie, Romanet ». Romanet est un nom courant de Morez et nous ne savons pas le lien entre ce Romanet et ceux qui ont fait et vendu des horloges d'édifice [I0001, B0008].

Quelques annotations sont ajoutées au texte, entre crochets.

Devis d'une horloge verticale pour être placée à la tour de la cathédrale de la ville de Clermont-Ferrand, à la place de la vieille qui y existe.

Fonctions de l'horloge

Art. 1. Cette horloge sonnera les heures, les demi-heures et répétera les heures par un seul et même marteau frappant sur le timbre de la vieille horloge. Le marteau de la vieille horloge, ainsi que ses conduits et engins, servira pour la neuve en le faisant lever raisonnablement pour obtenir un coup proportionné au poids de la sonnerie, lequel pèsera environ cent kilogrammes (soit le double parce qu'il sera mouflé à cause de la répétition).
Cette horloge restera montée trente heures environ, à quarante cinq pieds [14,6 mètres] de chute, et elle montrera l'heure sur un seul cadran [il n'y a pas d'aiguille de minutes].

Forme de la Cage

Art. 2. La cage de ladite horloge sera de barres en fer doux, bien et solidement assemblées et retenues avec des écrous. Ladite cade aura quatre pieds deux pouces [1,35 m] de longueur, vingt quatre pouces [0,65 m] d'épaisseur et d'hauteur convenable; Les quatre piliers auront quinze à seize lignes carré [3,4 cm], garnis chacun d'un pommeau en cuivre au-dessus. Les barres transversales et les colonnes auront vingt quatre à vingt cinq lignes de large [5,5 cm] sur six lignes d'épaisseur [1,4 cm].

Rouages, &.

Art. 3. Ladite horloge sera à deux corps de rouages, dont l'un pour le mouvement et l'autre pour la sonnerie. Ces deux corps de rouages seront à remontoir, c'est-à-dire que les poids se remonteront avec une manivelle portant une lanterne engrenant sur les roues de remontoir, lesquelles seront incrustées sur les cylindres. Toutes les roues seront en cuivre, excepté leur croisée qui seront en fer.

Art. 4. Les deux roues d'en bas auront vingt quatre pouces de diamètre [65 cm], douze lignes d'épaisseur sur la dent [2,7 cm] ; la planche de vingt quatre lignes de large [5,4 cm], et sera ciselée en dedans pour qu'il n'y reste que six lignes d'épaisseur [1,4 cm]. Les roues moyennes auront d'un tiers à un quart de moins que les dimensions ci-dessus, tant en diamètre qu'en épaisseur.

Art. 5. Les roues seront fixées sur leurs axes par des écrous. Ces axes et ces écrous seront proprement limés à huit pans, et adoucis. Les fuseaux des lanternes seront d'acier trempé, tournés et polis, ainsi que les pivots des arbres et des axes des roues, lesquels tourneront sur des grains en cuivre jetés sur les colonnes et débordant celles-ci de chaque côté.

Art. 6. L'échappement sera à chevilles ; le balancier, du poids d'environ douze kilogrammes, supporté par une suspension à couteau d'acier trempé ; ce balancier aura environ dix pieds [3,25 m] de longueur. Il sera établi un contrepoids pour soutenir les vibrations pendant le remontage du poids du mouvement.

Art. 7. Les heures se compteront par un râteau, agissant sur un limaçon. Il y aura des rouleaux en cuivre tournant sur les chevilles qui font jouer la bascule du marteau, afin d'en adoucir le choc ; le bout de cette bascule sera acéré et trempé. Le volant sera en fer, à quatre ailes.

Art. 8. La cage, les pièces d'assemblage et dépendantes, les croisées des roues, enfin toutes les pièces en fer non nécessaire d'être polies, seront bronzées en noir et passées à l'huile afin d'éviter la rouille.

Art. 9. Comme on désire une horloge particulièrement soignée, dans tous ses détails, tant pour l'agrément du coup d'oeil que pour le bien de la chose, il y sera établi de plus qu'à l'ordinaire, 1°- Un petit cadran intérieur pour régler l'aguille sur le grand cadran dans la voir ; 2°- Une vis de rappel pour dresser l'échappement sans toucher à l'horloge ; 3°- De doubles encliquetages aux roues d'en bas ; 4°- La vis portant le rouleau de la détente sera retenue avec un écrou ; 5°- La détente tournera sur pivots, et des grains en cuivre, dans un pont bien établi ; 6°- Le cercle en fer portant les chevilles de la roue d'en bas pour la levée de la bascule, sera retenu sur chaque cheville avec écrous au lieu d'être rivé, afin de faciliter le nétoyement [sic] de ces chevilles et le rechange des rouleaux pour la suite ; 7°- Les vis rempliront tous les écrous de la cage, au lieu d'être plates comme à l'ordinaire ; 8°- Les roues des remontoirs auront douze lignes d'épaisseur sur la dent [2,7 cm] ; 9°- La lanterne du remontoir tournera sur des grains en cuivre des deux côtés ; les supports extérieurs de cette lanterne seront retenus avec écrous au lieu d'être rivé, et les deux barres transversales portant les supports intérieurs seront beaucoup plus fortes que les autres barres ; 10°- Les rochets auront quatre lignes d'épaisseur [0,9 cm], et le limaçon deux lignes environ [0,45 cm] ; 11°- Les grains des pivots des roues seront percés pour faciliter la mise des huiles.

[... suit la description du cadran, de la tringlerie, etc., et le prix...]

En 1819, Vandel & Reverchon font également des « pendules portatives à ressort » des « tournebroches portatifs à ressort » et des « tournebroches à poids ». Les ressorts sont achetés à l'entreprise Peugeot dès 1818 [C0029, p. 272, 275].

C'est à Reverchon que l'on doit ce qui semble être la version écrite la plus ancienne de la légende des frères Mayet. Il l'a mise par écrit en 1821 [C0029, p. 105].

Nous retrouvons un établissement « Vandel aîné et Cie » à Morez en 1834 [B0008]. Est-ce le même Vandel ?

Dernière mise à jour de cette page : 11/12/2010