|
Lamy & Lacroix, à Morez, 1828 - 1881
Aimé Lamy,
à Morez, 1881 - 1889
Les Fils d'Aimé Lamy,
à Morez, 1889 -
Localisation :
-
Famille
originaire des Arcets
-
119,
Grande Rue, à Morez, à partir de 1849.
-
En plus, usine de L'Abbaye, à
Morez de 1855 à 1889.
-
Succursale à Paris, au 40, rue
Meslay, puis au 36, rue de Bondy.
-
En 1894, ils sont situés au
167, Grande Rue, à Morez
Les familles Lacroix et Lamy font partie des
importants établisseurs de Morez
(Jura). A son apogée dans les années 1860 et 1870, la
société d'Aimé Lamy et Elie Lacroix était la plus
importante de Morez.
Entête Catalogue postérieur à 1856 - [F0044]
Les débuts : Pierre Hyacinthe Lamy
Pour ce qui nous concerne, le parcours de la famille Lamy
commence avec Jean-Baptiste Lamy [~1737 - 1808], cultivateur puis lunetier aux
Arcets. Pour échapper à la faillite de son activité lunetière, son fils, Pierre Hyacinthe
Lamy [1789 - 1852] s'associe en 1825 à Jean Félix Bourgeois pour lequel il
fabrique des montures de lunettes. Cette association est rompue en 1828.
«La même année, Pierre Hyacinthe Lamy conclut une
association verbale avec Pierre Cyprien [Lacroix] et [son fils] Jean
Elie Lacroix, négociants à Morez. Le recensement morézien de 1826 précise
que Pierre Cyprien Lacroix est un marchand-horloger, né en 1782 aux Rousses. Il
apparaît également dans la liste des 14 fabricants d'horloges et tournebroches
moréziens établie pour cette même année.
En 1833, l'association a prospéré et le contrat oral est
confirmé par écrit. A l'origine, l'apport de chacun était équivalent et
s'élevait à 14 313 francs ; en 1833, Pierre Hyacinthe Lamy possède la majorité
du capital avec un actif de 33 000 francs nettement supérieur aux 18 700 francs
de Pierre Cyprien Lacroix. Ce dernier poursuit ses autres activités en restant
inscrit parmi les principaux négociants-fabricants moréziens, en 1832, dans la
rubrique "horlogerie et draperie". Cette association est renforcée par des liens
patrimoniaux : Anne Virginie, fille de Pierre Hyacinthe Lamy, épouse en 1842,
Jean Elie Lacroix, fils de Pierre Cyprien. Jean Elie prend en charge le négoce
parisien à partir des années 1850. La société Lamy et Lacroix fonctionne
jusqu'en 1881, explorant également les domaines de la montre et de
l'orfèvrerie.»
[C0029, p. 342]
Jusqu'au milieu du XIXe siècle, l'entreprise
est principalement focalisée sur la lunetterie, ce qui n'empêche pas Elie
Lacroix de déposer un brevet d'horlogerie en 1838 [C0029, p. 249].
L'apogée : Aimé Lamy
Victor Aimé-Séraphin Lamy, plus couramment appelé Aimé Lamy [1819 - 1889], fils de Pierre Hyacinthe,
travaille dans l'entreprise de son père, avec son beau-frère Elie Lacroix. En
1855, Aimé et son frère François Alphonse reprennent la direction de
l'entreprise paternelle qui est devenue la plus importante de Morez. «Celle-ci
occupe 500 ouvriers dont 300 pour l'horlogerie et 200 pour la lunetterie.
François Alphonse s'installe à Paris, au début des années 1840, où il organise
la commercialisation des produits» [C0029, p. 347, et C0007]. Par la suite
François Alphonse change d'orientation pour s'occuper de l'entreprise de sa
belle-famille.
En 1858, Aimé Lamy et Elie Lacroix forment une société
en nom collectif appelée Lamy & Lacroix pour son antenne morézienne
et Lacroix et Lamy pour sa succursale parisienne. Elie Lacroix reprend la
commercialisation des produits à Paris pendant qu'Aimé Lamy est responsable de
la partie morézienne. Cette société est renouvelée en 1874 pour y associer
Pierre Lacroix, fils d'Elie. Son capital social est alors d'un million de francs
[E0051] !
En plus de ses activités professionnelles, Aimé devient maire de Morez entre 1852 et
1870. «Il en dirige l'embellissement, marqué par l'édification de nouveaux quais
et l'éclairage des rues par des réverbères à gaz» [C0029, p. 349]. Il défend, en
1854, la création de l'école d'horlogerie de Morez. Son entreprise verse la
première et la plus importante contribution pour cette création : 300 Francs
[C0029, p. 281].
Lamy & Lacroix obtiennent pour leurs pince-nez une
médaille de bronze à l'exposition des produits de l'industrie de 1844.
Vers 1855, Aimé Lamy investit dans la fabrication de
couverts et dans l'orfèvrerie. La production est écoulée dans la succursale
parisienne, au 40, rue Meslay. L'affaire marche très bien et en 1861, Aimé Lamy
reçoit la légion d'honneur [C0029, p. 301s et p. 349].
L'entreprise est très diversifiée : lunettes, verres et
étuis à lunettes, mesures, couverts et orfèvrerie, horlogerie de comté,
régulateurs, tournebroches, horloges de tours et de châteaux, longues-vues,
lorgnettes, jumelles de théâtre, pince-nez, thermomètres, microscopes,
boussoles, cassettes de compas, stéréoscopes et tous les articles d'optiques et
de mathématiques [F0044].
Nombre de ces articles ne proviennent pas de la région de
Morez et ne font l'objet que d'un négoce. Par contre, l'orfèvrerie représente plus
de la moitié du chiffre d'affaire de l'entreprise dans les années 1865 - 1870. Quant aux
montres, elles emploient environ 20 ouvriers [B0008].
«Cependant, dès 1864, les bénéfices commencent à diminuer
et, à partir de 1870 - 1873, la situation devient difficile. Les machines ne
sont pas renouvelées et la société Lamy & Lacroix doit affronter une
concurrence de plus en plus forte. Enfin, Aimé Lamy, bonapartiste convaincu,
perd ses appuis politiques. Il néglige d'associer ses deux fils à l'entreprise
et s'enferme dans sa fierté d'entrepreneur, refusant d'arrêter l'usine de
l'Abbaye [qui fait l'orfèvrerie] qui périclite et doit être bradée après sa mort
en 1889. » [C0029, p. 303]
La société commune Lamy et Lacroix est dissoute en
1881, chacun des deux partenaires continuant son activité indépendamment l'un
de l'autre [E0052].
Puis les fils d'Aimé Lamy reprennent l'affaire qui devient «Les
Fils d'Aimé Lamy, Successeurs, Anciennes Maisons Lamy & Lacroix & Aimé Lamy».
Emmanuel, vivant à Genève et n'a qu'une faible participation dans l'affaire. Son
frère, Alexandre [1864 - 1921] en devient le principal acteur [C0029, p. 347].
L'entreprise se réoriente de plus en plus vers la lunetterie, mais continue à
proposer toutes sortes d'objets à son catalogue, dont bien sûr des horloges
d'édifice.
L'entreprise a continué au XXe siècle à Morez
sous le nom FIDELA, se concentrant sur la lunetterie.
Familles homonymes
Notons que d'autres familles Lamy sont établies dans la
fabrication et le négoce d'horlogerie et de lunetterie. Mentionnons l'entreprise
de Louis Félix Lamy sous le nom Lamy Frères qui emploie, en 1857, 250
ouvriers dont 150 pour la lunetterie. De même la société Désiré Lamy et
frères pour la lunetterie exclusivement.
De même, un certain Jules Constant Lamy décède le 18
décembre 1855. Célibataire, sa succession passe à son frère Elie Marcelin
Lamy et à sa soeur, Marie Sylvie Lamy. Les deux frères étaient associés dans
une affaire de commerce d'horlogerie dont le siège social était à Morez, rue de
la Platière avec un magasin à Paris, au 17 de la rue Chapon [C0029, p.
244].
Enfin en 1854, deux moréziens, Hippolyte Lamy,
négociant, et son frère Jules, horloger, créent la société en nom
collectif "Lamy Jaz frères" pour «la fabrication, l'achat, et la vente de tout
ce qui concerne la partie dite de Morez, principalement l'horlogerie et les
accessoires, les tournebroches, les lunettes et généralement tout ce qui peut
être du ressort des opérations de la localité». La société est dissoute en 1860
et chacun des deux frères continue son activité de son côté [C0029, p. 339].
Toutes ces entreprises homonymes ne sont pas sans créer une
certaine confusion chez leurs clients comme en témoigne la note apposée en bas
des catalogues : «A cause de nombreux homonymes, prière d'adresser les lettres à
M.M. Les Fils d'Aimé Lamy, manufacturiers, Grande Rue 167, à Morez.» [F0045]
Les horloges d'édifice Lamy & Lacroix
Comme mentionné, Lamy & Lacroix sont des revendeurs et ne
fabriquent pas eux-mêmes les horloges d'édifice.
Horloge
horizontale à mouvement triangulaire
|
Horloge horizontale
|
Horloge
verticale
|
Les horloges
d'édifice
Lamy & Lacroix
Catalogue postérieur à 1856
[F0044]
|
Un catalogue Lamy & Lacroix postérieur à 1856 propose deux
modèles d'horloges horizontales. L'un est typique du mouvement triangulaire de
la région de Morez et est probablement fabriqué par la maison Bailly-Comte.
L'origine de l'autre est plus incertaine, probablement Paget Frères ou
Bailly-Comte.
Ils proposent également des horloges de château de forme
verticale, qui sont en fait de grosses comtoises servant comme petites horloges
d'édifice.
Leur catalogue de 1894-95 ne présente plus qu'un type
d'horloge horizontale en plus de l'horloge verticale pour châteaux. Cette
horloge horizontale, à mouvement triangulaire est très probablement fabriquées
par Odobey Louis-Delphin ou Paul. |
Horloge horizontale à mouvement triangulaire
Catalogue Les Fils d'Aimé Lamy - 1894 - [F0045] |
|