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Les horloges d'édifice
produites à Morbier et Morez (Jura)
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Les horloges d'édifice conçues et
fabriquées dans le canton de Morez ont évolué au cours du XIXe
siècle, passant d'une forme de comtoise à une forme horizontale avec de larges
et hautes platines. Ces horloges particulières et spécifiques à cette région
sont parfois appelées mouvements triangulaires. Leur conception,
originale et remarquable est probablement due à un établissement morézien.
Alliée à une exécution exemplaire, elle fait des horloges d'édifice de cette
région une référence en la matière.
L'évolution générale des modèles
L'horloge à cage (XVIIe
- ca. 1850)
Les premiers modèles d'horloges d'édifice moréziennes
sont des horloges à cage, appelées parfois Horloges Verticales, avec le rouage des sonneries et celui du
mouvement parallèles l'un à l'autre ( || || ). Le mécanisme de la
comtoise sera dérivé de ce type d'horloge avec à peu près la même
disposition des rouages.
L'une des différences concerne le mécanisme de
sonnerie, à crémaillère (droite) dans les comtoises, à râteau
(incliné, la crémaillère légèrement arrondie) dans la plupart des
horloges d'édifice.
A cette époque, les horloges n'étaient pas encore
signées, rendant aujourd'hui l'identification difficile. Cependant, les frères Paget ont fabriqué ce type d'horloge
qui semble avoir été le modèle principal jusqu'aux environ de 1850.
En 1840, pour le remplacement de l'horloge de
Morbier, Jean Joseph Augustin Mayet, seul descendant de la famille Mayet
à continuer les horloges d'édifice dans la région, propose encore une
horloge verticale de ce type. Voir le
devis.
Nous reproduisons également une description
d'horloge verticale dans la page consacrée à Vandel
et Reverchon.
Les établisseurs moréziens semblent avoir
pratiquement tous fabriqué leurs propres horloges verticales. Par contre,
avec l'apparition des horloges horizontales, ils vont progressivement
arrêter cette fabrication pour ne plus effectuer que la distribution
d'horloges fabriquées par d'autres.
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Horloge
d'origine morézienne de 1798 [E017].
(Cliquer sur l'image pour l'agrandir)
Horloge
verticale fabriquée par les frères Paget
ca. 1850 [F0046]
(Malheureusement photocopie de mauvaise qualité) |
Premières horloges horizontales (milieu du XIXe siècle)
Tout en continuant à produire
des horloges à cage, les horlogers de Morez et Morbier ont fabriqué des
horloges horizontales telles qu'elles se répandaient ailleurs en France, dans le milieu du
XIXe siècle.
Ces horloges sont souvent à râteau, même si les horlogers,
opportunistes, proposent également des sonneries à roue de compte. Elle
ne sont habituellement pas signées. Nous avons rencontré des horloges de
ce type dans quelques coins de France, sans pouvoir déterminer simplement
si elles étaient d'origine franc-comtoise. |
Horloge
horizontale fabriquée dans le canton de Morez
et distribuée par Lamy et Lacroix [F0044]. Catalogue
postérieur à 1856.
(Cliquer sur l'image pour l'agrandir) |
La transition vers ces nouvelles horloges de fait assez rapidement. En
novembre 1844, Bailly-Comte dit avoir arrêté les horloges verticales
depuis près d'un an et ne plus faire d'horloge verticale que sur commande
[G0078].
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Horloge
horizontale fabriquée par les frères Paget
ca. 1850 [F0046]
(Malheureusement photocopie de mauvaise qualité) |
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Horloge
horizontale signée « Bailly-Comte, Père et Fils Aîné, à Morez (Jura)
»
probablement entre 1836 et 1855 [E101 - MIH]
On remarque la position du râteau,
(Cliquer sur les images pour les agrandir) |
Horloges horizontales à mouvement triangulaire (milieu du
XIXe
siècle jusqu'à la fin)
A
partir du milieu du XIXe siècle, les moréziens mettent au point un
modèle d'horloges aux formes particulières, modèle qui deviendra leur
référence et dont ils dériveront l'essentiel de leur production
pendant des décennies.
Nous ne savons pas si cette
horloge fut d'abord mise au point par Bailly-Comte, Odobey,
Cretin-L'Ange, Prost ou d'autres. Il semble cependant qu'elle ait été
conçu à l'origine à Morez-Morbier, aux alentours des années 1850,
comme en témoigne J. Monneret, ancien directeur de l'école nationale
professionnelle de Morez : « [les horloges d'édifices] étaient
d'abord verticales, comme les comtoises, c'était peu rigide ; on les
fit ensuite horizontales, c'était trop encombrant. C'est le chef d'une
des meilleures maisons de Morez qui trouve la disposition de la cage
actuelle, en forme d'arcs en fonte, ce qui donne un mouvement mieux
ramassé, moins encombrant et pouvant se loger facilement dans une
boîte, où il est à l'abri des intempéries, ce qui n'est pas à
dédaigner dans un clocher » [B0018].
Souvent ces horloges sont
signées. «Louis Delphin Odobey cadet est le premier à inscrire
officiellement son nom sur ses horloges, dès 1868 » [C0029, p. 294].
De même, les châssis Prost Frères ou Paget Francis sont marqués «
P. F. » et les cadrans de contrôle des horloges Cretin portent souvent
son nom. Cependant, cette règle comporte de nombreuses exceptions : en
effet, les horloges distribuées par des revendeurs ne portent souvent
aucune marque de leur origine morézienne.
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Horloge L.-D. Odobey sonnant les heures et
les quarts. Remontage toutes les 30 heures
[F0047]
(Cliquer sur l'image pour l'agrandir)
Horloge Paul Odobey / Terraillon 1909 [F0059].
Sonne les heures et demies.
Remontage toutes les 30 heures
(Cliquer sur l'image pour l'agrandir) |
Sur
le plan technique, l'horloge à mouvement triangulaire est un compromis entre l'horloge horizontale et
l'horloge verticale : comme dans l'horloge horizontale, les rouages de
sonnerie sont essentiellement dans un plan horizontal. Ceci facilite
l'entretien et réduit l'usure. Par contre, le rouage du mouvement est
positionné entre deux larges platines fixées sur le châssis par
quatre gros boulons. Typiquement, les axes des roues premières (avec
les barillets de remontage) sont fixés sur le châssis au moyen de deux
petites platines. Les axes des roues secondes sont également fixés sur
les larges platines.
L'avantage de cette
disposition est que l'horloge prend moins de place qu'une horloge
complètement horizontale, tout en permettant un entretien facile : en
particulier, le démontage du rouage du mouvement ainsi que celui des
axes des rouages de sonnerie est très simple.
La sonnerie est à râteau,
avec les limaçons derrière le cadran de contrôle. Cette sonnerie,
plus compliquée que la sonnerie à roue de compte, évite qu'elle ne
soit déréglée par rapport aux aiguilles. Les fabricants
proposent également, tout en la déconseillant, la sonnerie à roue de
compte.
L'échappement est à
chevilles demi-rondes.
La finition des horloges est
exemplaire. Les détentes par exemples sont moirées.
Horloge
typique Francis Paget
[E268 - Musée de L'Isle-Jourdain]
(Cliquer sur l'image
pour l'agrandir)
Par rapport à ce modèle,
quelques variations existent. En particulier, lorsque les horloges ont
des barillets importants, le cadre est souvent plus long au niveau du ou
des barillets. Nous parlons alors parfois d'une horloge en forme de siège
(voir photo ci-dessous). |
Horloge Bailly-Comte de Morez, 1860 [E019].
Signée et distribuée par Charvet (Lyon).
Sonnant les heures et les demies.
Remontage toutes les 8 jours
(Cliquer sur l'image pour l'agrandir)
Horloge Arsène Cretin de Morbier [E221].
Sonnant les heures et les demies.
Remontage toutes les 8 jours
(Cliquer sur l'image pour l'agrandir) |
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Horloge
horizontale non-signée, mais Bailly-Comte ou Cretin-L'Ange
Les barillets sont plus longs, pour mettre un câble plus
long.
On parle parfois d'horloge en forme de siège, du fait de la forme de
l'horloge vue de côté.
[E346 - Tour de l'horloge de Sarrant, dans le Gers (32)]
(Cliquer sur les images pour les agrandir) |
Horloge
Romanet - 1874 [E505].
(Cliquer sur l'image pour l'agrandir) |
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Comtoises d'édifice
Parallèlement aux mouvements triangulaires, les
fabricants moréziens continuent de fabriquer quelques horloges dites
verticales, qui sont réellement des comtoises aux dimensions plus
importantes.
Ces horloges étaient utilisées pour actionner des cadrans et des
cloches de petites dimensions, typiquement pour des châteaux, des
écoles ou des usines de taille modeste.
En termes de volume produit, ces horloges sont beaucoup moins
importantes que les horloges à mouvement triangulaire. Elles
représentent assurément moins de 10% de la production, probablement
moins de 5%.
Techniquement, ce sont des copies des comtoises, mis à part
l'échappement qui est ici à chevilles et l'action sur les marteaux de
sonnerie qui se fait, comme sur les horloges d'édifice, à partir de
rouleaux de levée fixés sur la roue première de sonnerie. |
Horloge L.-D. Odobey "verticale" [F0047]
(Cliquer sur l'image pour l'agrandir) |
Standardisation et copies
Au début du XXe siècle, les fabricants
moréziens ont tendance de plus en plus à standardiser leurs modèles. Ceci
leur permet d'optimiser leurs relations avec leurs fournisseurs et de réduire
leurs coûts. La forme du châssis, des platines, la disposition des rouages, la
forme des accessoires s'homogénéisent progressivement. Pour les horloges
récentes, lorsqu'elles ne sont pas signées, il est très difficile de
déterminer le fabricant d'origine.
Pour une description plus détaillée des différences
entre fabricants, le lecteur pourra se reporter à la
page correspondante.
Nous avons consciemment omis dans notre description les
horloges du fabricant Fumey, à Foncine-le-Haut, qui a suivi son propre chemin
et n'a pas utilisé les mêmes modèles que les fabricants de Morbier et Morez.
A notre connaissance, aucun autre fabricant
français n'a copié les mouvements triangulaires moréziens. Par
contre, nous retrouvons des modèles assez proches issus de fabrications
anglaises ou suisses.
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Horloge
d'origine anglaise, signée
"Harrison & Son - 1877". En fait une copie très proche
des horloges Cretin-L'Ange de Morez [E300]
Il ne s'agit probablement pas d'une importation.
(Cliquer sur l'image pour l'agrandir) |
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