Au XIXe siècle, les Reydor deviennent l'une des entreprises d'établissage les plus importante de Morez (Jura). Leurs deux grandes activités sont l'horlogerie et la lunetterie. Comme la plupart des établisseurs, ils ont également vendu des horloges d'édifice.
La première initiative d'établissage chez les Reydor est le fait de Pierre Gabriel Reydor [1772 - 1834], né aux Rousses. En 1826, il est dit marchand-horloger à Morez. Il a trois fils : Jean François, l'aîné, Joseph Aimé [ - 1844] et François Désiré.
En 1827 et 1828, Jean François tente de s'associer à Aimé Lacroix pour la fabrication et le commerce en horlogerie. Puis, au décès de Pierre Gabriel, les trois fils s'associent pour reprendre l'affaire familiale sous le nom «Pierre Gabriel Reydor et Frères». A partir de l'horlogerie, ils se diversifient dans la lunetterie.
Quelques années plus tard, Jean François continue seul. En 1845, l'entreprise est connue sous le nom Jean Reydor, aîné [C0005]. A la mort de celui-ci, aux environs de 1851, sa femme et ses deux fils, Jules et Victor, reprennent l'affaire sous le nom Jean Reydor et fils aîné. En 1857 et 1860, ils emploient, 150 ouvriers et ouvriers-paysans, dont 100 pour l'horlogerie et 50 pour la lunetterie [I0001 et C0007]. Dans les deux cas, ils sont cités comme vendant des horloges d'édifice. Entre 1869 et 1871, les deux frères se séparent, Jules se concentrant sur l'horlogerie et Victor sur la lunetterie [C0029, p. 189, 235, 343s].
En 1860, Jules Reydor emploie 100 horlogers-paysans et ouvriers [C0007]. En 1873 et 1877, il est cité comme faisant de la montre [B0008]. Victor Reydor est également mentionné à Morez en 1877 [B0008].
Note : en 1851, un Reydor, associé à un certain Colin, expose à Londres de l'horlogerie de gros volume et des Comtoises et obtient une médaille [B0008 et C0029, p. 257]. L'association avec Colin reste énigmatique. S'agit-il d'Adolphe Colin ? En tout cas, Reydor Frères et Colin sont cités en 1849, à Paris, rue J.-Robert. Ils obtiennent une médaille de bronze à l'exposition universelle [B0008].
Pour les Reydor comme pour les autres établisseurs moréziens, l'horlogerie d'édifice ne représentait probablement qu'une faible part de leur activité. Un devis de 1840 nous donne quelques précisions techniques sur les horloges qu'ils proposaient : ces horloges sont encore à cage, ressemblant en tous points aux horloges des Frères Paget par exemple.
« Les pièces à quarts, à trois corps de rouages coûtent la moitié en sus des prix ci-dessus. Les cages des dites pièces à quarts ont la moitié en longueur de plus que les dimensions ci-dessus. On les construit pour montrer l'heure sur deux ou trois cadrans moyennant 25 Francs pour chaque cadran en sus. Elles sont à répétition d'heure ou sans répétition, à quarts doubles ou simples, tout cela est au choix du commettant; mais celles à répétition d'heure ont la corde du cylindre des heures mouflée. Elles sont toutes à remontoir excepté les quatre premiers numéros ; Toutes les roues sont en cuivre, excepté les croisées de celles au dessus de dix pouces de diamètre qui sont en fer. La planche de chaque roue est biselée en dedans pour y diminuer l'épaisseur inutile. Les cages sont construites en fer doux ; les barres sont bien et solidement assemblées et retenues avec de forts écrous. Les piliers montants des angles sont garnis chacun d'un pommeau en cuivre au dessus. L'échappement est à chevilles ; le Balancier est porté par une suspension à couteau d'acier trempé ; les heures se comptent par un râteau ; Il y a une pièce pour soutenir les vibrations pendant la remonte, à celles qui sont à remontoir. Les pivots des arbres & les fuseaux des lanternes sont d'acier trempé, passés au tour à polir ; Les pivots tournent dans des grains en cuivre jetés sur les colonnes en débordant celles-ci de chaque côté. Les roues sont retenues sur leur axe par de forts écrous ; Il y a des rouleaux en cuivre fixés aux chevilles des roues d'en bas pour lever les bascules des marteaux ; le bout des dites bascules est acéré & trempé. Les roues moyennes sont un tiers plus petites que les premières, & les secondes moyennes, pour les pièces allant huit jours, ont un tiers de moins que les grandes moyennes. On ne fournit ni les poids, ni les cordes, ni cadrans, ni aiguilles, ni marteaux ; cela se fait sur les lieux, lors du placement de la pièce d'après les localités. Le tout pris à Morez & payable à mois. »
[Source: G0048]