Précédent Retour Histoire Horloge - Suivant
Dans la dernière partie du XIXe siècle, la demande d'horloges continue d'exploser. Les fabricants artisans ont pratiquement disparu, au profit des fabricants plus industriels.
Comme le montre la carte ci-jointe, la production s'organise principalement autour de trois zones distinctes :
Morbier et Morez : dans ces deux villages du Jura, était concentré plus du tiers de la production nationale, autour de 5 fabricants principaux : Bailly-Comte, Cretin, Prost & Paget, Louis-Delphin Odobey et Paul Odobey. L'extraordinaire développement de ces entreprises reposait, entre autre, sur un réseau d'installateurs et revendeurs répartis dans le reste de la France et à l'étranger. C'est ainsi que l'on retrouve des horloges du Jura dans pratiquement toute la France, en particulier le sud-est.
Paris : les fabricants parisiens fournissaient moins d'un tiers de la production nationale, principalement pour la région parisienne. La demande restait forte, bien que la capitale soit passée aux horloges synchronisées soit électriquement, soit par des moyens pneumatiques. Les grands fabricants parisiens s'étaient diversifiés au delà de l'horlogerie d'édifice et fournissaient en quasi exclusivité les horloges de gares. A Paris, on compte comme entreprises principales Henry-Lepaute, Garnier, Niot, la maison Bernard-Henry Wagner devenue Collin puis Château ainsi que la maison Jean Wagner devenue Borrel.
Divers fabricants à l'est et à l'ouest de la France et fournissant environ le dernier tiers de la production. La plupart de ces fabricants couvraient avant tout un territoire régional, tels que Guignan à Bordeaux, Delpy à Toulouse, Galle à Rennes ou encore Gugumus à Nancy. D'autres, plus importants, rayonnaient sur un territoire plus large. Citons par exemple Ungerer, installé à Strasbourg ou Gourdin près du Mans. Citons enfin des fabricants de taille intermédiaire tels que Lussault au sud de Poitiers et Prêtre dans la région de Besançon.
Nous noterons dans cette répartition l'absence notable du centre et du sud-est de la France. Absence difficile à expliquer dans l'état de nos recherches. Nous pouvons néanmoins faire l'hypothèse que la prédominance des cadrans solaires dans ces régions a ralenti l'installation des horloges mécaniques au milieu du XIXe siècle. Lorsque par la suite les horloges mécaniques sont devenues une nécessité, en particulier du fait de l'unification de l'heure légale sur tout le territoire national et donc de la dissociation de cette heure légale d'avec l'heure solaire, les communes ont été chercher des horloges chez les fabricants existants, en particulier jurassiens. Il était alors trop tard pour créer une industrie horlogère locale et rattraper le retard accumulé.
D'une certaine façon, l'Espagne et l'Italie se retrouveront dans une configuration similaire. Cependant, du fait de l'importance de ces marchés, quelques entreprises locales y prospèreront à partir du début du XXe siècle, fabricant des horloges qui sont souvent des copies des horloges jurassiennes.
Dans la première moitié du XXe siècle, outre la disparition des derniers fabricants artisans, tels que Mengarduque dans la montagne pyrénéenne, nous assistons à une réduction et une consolidation du nombre d'entreprises. Ainsi Gugumus arrête la fabrication pour se concentrer sur l'installation d'horloges Ungerer. En 1929, juste avant la crise, Lussault, installé près de Poitiers, rachète Pèlerin, puis en 1932, Gourdin.